Loi de proximité, loi du moindre effort : comment mieux interpeller son lecteur ?

01 juillet 2020À la une, Rédaction Web
Temps de lecture : 6 minutes

Écrire pour le web, c’est prendre soin de son lecteur.
Prendre soin de son lecteur, c’est écrire des textes lisibles et compréhensibles, qui le concernent, l’intéressent et qu’il peut facilement comprendre.
Dans cet article, je vous propose les bonnes pratiques pour réussir des textes utiles à vos lecteurs, à travers 2 fondamentaux de l‘écriture journalistique : la loi de proximité et celle du moindre effort, revisitées à la mode du web.

Surtout, je vous partage les bonnes pratiques pour favoriser l’adhésion du lecteur.

Comprendre une loi ancienne issue du journalisme : la loi de proximité

Cette loi explique que l’être humain est plus sensible à un incident à 10 km de chez soi qu’un énorme accident à 1000 km.

En pratique, il s’agit donc de se demander comment l’information que je partage avec le lecteur est-elle susceptible de le concerner ?
Et d’angler mon article de manière à me situer dans les 10 km qui intéresseront le lecteur, quitte ensuite, au fil de la rédaction à l’accompagner à explorer les 1000 km à la ronde.

Pour favoriser cette loi, le présent et la voix active sont bienvenus.

Être centré utilisateur

La proximité, c’est donc veiller à amoindrir la distance entre le lecteur et mes propos.

Pour bien comprendre, réfléchissons à comment tisser des liens entre un sujet d’expertise et un néophyte qui découvre le sujet.

Une entreprise experte d’un sujet a tendance à parler directement des résultats et des conclusions auxquelles elle est arrivée. Cette tendance est tout à fait normale.
Malheureusement, elle peut être abrupte pour le lecteur qui a besoin de pédagogie pour arriver aux mêmes conclusions – dans le sens étymologique du terme.
Le pédagogue est l’esclave qui emmène l’enfant à l’école -.

Le lecteur a besoin de suivre un parcours, un cheminement pour mieux s’approprier une idée.

Favoriser l’appropriation

Pour favoriser donc la réception à ce message, il s’agit donc, en tant que rédacteur, de faire un pas en arrière pour partir d’un état communément connu.
Puis petit à petit de dérouler un argumentaire pour l’amener à ses conclusions.

Cette loi de proximité part de ce qui est proche du lecteur pour le rapprocher d’un sujet plus lointain.

La loi du moindre effort

Penchons-nous maintenant sur la loi du moindre effort : elle permet de soulager la charge cognitive en allégeant la complexité de l’information.

Nous sommes dans un contexte de saturation d’informations. Il est donc important d’expliquer, de simplifier, d’éclairer un point de vue en donnant de la hauteur.

Éviter la surcharge cognitive

Recontextualiser et aller chercher le lecteur par la main pour le faire entrer son lecteur dans son univers.
Au lieu de partir de soi, c’est être humble dans sa posture et placer l’écriture au service de son utilisateur.

Citons en exemple remarquable, Shine. Cet établissement bancaire clarifie ses CGV pour son lecteur : une belle incarnation d’une valeur qui leur est propre, la transparence.

En dessous de ses CGV figure l’explication en clair. Idéal compte tenu de l’obscurité en général des CGV, qui sont, quoiqu’il en soit obligatoires, car répondant à des exigences légales.

Informer, c’est épurer ses contenus

Pour éviter la surcharge cognitive, il s’agit également de veiller à donner au lecteur UNIQUEMENT l’information dont il a besoin pour réaliser une action. C’est-à-dire supprimer l’information qui ne concerne pas le lecteur ou la placer bien après le message principal.

C’est un véritable travail de mis en forme des contenus.

Voici par exemple un texte avant après

exemple de texte non adapté au lecteur

et voici la version remaniée

exemple de texte adapté au lecteur

Le texte a été retravaillé de manière à mettre en avant les infos qui concernent directement l’utilisateur.

  • message principal en premier : fermeture du tronçon routier
  • durée des travaux
  • appel à l’action pour télécharger les infos pratiques

Puis, en annexe pour ne pas gêner l’information principale, le cadre des travaux : construction de la nouvelle gare.

Être clair sur les attentes

Se mettre au service de son lecteur, c’est l’occasion de l’interpeller avec des objectifs clairs. Ainsi le lecteur sait pourquoi il va passer un temps déterminé à lire ce texte.

L’appel à l’action doit donc être très compréhensible.

Un texte qui prend soin de son lecteur lui permet de

  • trouver ce qu’il cherche
  • comprendre ce qu’il trouve
  • utiliser ce qu’il trouve pour répondre à ses besoins

Inspiré d’Anne Vervier sur les techniques de langage clair

Quelques bonnes pratiques pour rédiger un texte clair pour son lecteur

  1. Définir l’objectif du document et donc sélectionner les informations qui répondent à cet objectif,
  2. Se mettre à la place de son lecteur pour imaginer toutes les questions qu’il peut se poser et donc organiser la chronologie des informations en conséquence
  3. Déterminer le résultat à atteindre, que doit faire le lecteur à l’issue de la rédaction du texte : s’abonner à une newsletter, vous appeler, acheter en ligne, etc. ?
    Cela permet également de déterminer le niveau d’informations utiles au lecteur.

L’objectif est que le texte soit facilement mémorisable également.

Favoriser la lisibilité du message

Découper l’information en petites unités implique d’être très pédagogue et de favoriser les liaisons.

  • Des sous-titres qui lui permettent de balayer l’article et de mémoriser facilement l’essentiel.
  • Des paragraphes courts et des phrases courtes, des listes à puces pour éviter les pavés de texte qui à coup sûr, nous font fuir la lecture
  • Un texte aligné à gauche, car lecteur préfère les respirations dans le texte
  • Une progression pédagogique avec des points d’étape à chaque idée majeure

Faciliter la lecture d’un texte, c’est aussi tous les détails à soigner pour soulager le texte

  • Ne pas hésiter à utiliser des pictos qui permettent de clarifier l’information.
  • Éviter les détails inutiles, par exemple 9 :00 ou de répéter les pronoms les lors d’une énumération
  • Accentuer les majuscules : c’est d’ailleurs conseillé pour l’accessibilité.

Penser à son lecteur, c’est également suivre les règles d’accessibilité. Je vous conseille sur le sujet l’excellent article de ChobLab.

8 réponses à “Loi de proximité, loi du moindre effort : comment mieux interpeller son lecteur ?”

  1. L’écriture professionnelle, utilitariste ne favorise ni le dépassement intellectuel, ni l’apport de nouvelles connaissances en respectant ces règles (re)connues sur le rédactionnel en ligne. C’est (malheureusement) nécessaire car le lecteur internet pratique plus un survol du texte qu’une lecture ligne à ligne. Pour la loi du moindre effort et du faire court, je me souviens avoir lu un jour que la longueur moyenne d’une phrase de la collection Harlequin est de 13 mots et que celle de Marcel Proust avoisine les 40 ou 50 (Marcel Proust qui doit être dans la tête de liste des auteurs ignorant le .(point) puisqu’ayant écrit une phrase de 856 mots, talonné de près par un Victor Hugo en petite forme ce jour là avec seulement 823 mots) !

  2. Bonjour Didier, merci pour ce partage d’informations et ces longueurs de phrases hallucinantes ! Effectivement, ces chiffres se situent dans le cadre professionnel : l’écriture littéraire peut s’en affranchir pour se déployer à sa guise !

  3. J’ajouterai également qu’un rédacteur web ne doit jamais oublier qu’il écrit pour le lecteur plutôt que pour les moteurs de recherche. Contrainte importante étant donné la course au référencement à laquelle nous devons tous participer. Il est très frustrant d’écrire sans être lu (j’en sais quelque chose), néanmoins c’est en créant des textes intéressants et intelligibles que l’on devient référence dans son domaine.
    Ce qui signifie : arrêter de mettre 10 mots clés en l’espace de 2 lignes et perdre définitivement le sens du texte… et le lecteur par la même occasion.

    • Très juste Coline, il est important de penser au lecteur et d’avoir aussi un plaisir à rédiger plutôt que suivre mille contraintes pour satisfaire la course au référencement !
      Tu es sûre de n’être pas lue quand tu écris ? !

      • Certaine (j’ai les statistiques sous les yeux) ! Mais pour ma défense cela dépend en grande partie du référencement du site en lui-même qui… n’existe pas. Mais d’ici quelques semaines, cela devrait bien changer. Bref je n’en dis pas plus…
        Et le plaisir d’écrire doit toujours être présent, j’en suis convaincue.

  4. Merci Ferréole pour cet éclairage des plus utiles.

    Lors d’un séminaire organisé à Bruxelles autour de la thématique de l’écriture Web, je me souviens également que le formateur avait insisté sur un point qui lui semblait crucial : commencer les développements, dans la mesure du possible, par les conclusions.

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